Rose Royce (Soul et Funk - USA)

Au même titre que les Meters à la Nouvelle-Orléans et MFSB à Philadelphie, cette formation de Los Angeles appartient au cercle fermé des orchestres de scène et de studio qui ont su monnayer leur savoir-faire jusque dans les hauteurs des charts. A l’origine du groupe au début des années 1970 se trouvent Kenny Copeland et Henry Garner qui décident de se lancer dans la musique à la fin de leurs études secondaires en recrutant des musiciens piochés ici et là dans divers ensembles de L.A. Leur ambition de départ est de se faire connaître sous le nom qu’ils se sont donnés, Total Concept Unlimited, mais comme il faut vivre, ils finissent par proposer leurs services en studio et sur scène. En 1973, ils sont engagés par Edwin Starr le temps d’une tournée à l’étranger, ce qui leur permet de faire la connaissance du producteur Norman Whitfield. Celui-ci est toujours associé à Motown à l’époque et fait appel à Total Concept Unlimited pour accompagner les Temptations pendant l’enregistrement d’un album novateur, 1990. Pour avoir passé ce test avec succès, le groupe enchaîne sur disque et sur scène avec d’autres artistes associés à Whitfield, comme Yvonne Fair et Undisputed Truth.

Après des années passées chez Motown, Whitfield a l’intention de reprendre sa liberté pour créer sa propre compagnie et il compte sur Total Concept Unlimited pour lancer son label Whitfield. Après avoir changé le nom de la formation en Rose Royce, il se met en chasse d’une chanteuse qu’il découvre par l’intermédiaire de Joe Harris d’Undisputed Truth ; Gwen Dickey est originaire de Miami où elle a longtemps chantée dans un ensemble baptisé les Jewels, et elle est venue à Los Angeles à l’origine pour passer une audition avec Undisputed Truth. En fin de compte, Whitfield l’engage comme vocaliste de Rose Royce et lui invente un pseudonyme adéquat, Rose Norwalt.

Kenny Copeland et son équipe sont en plein sur leur premier album pour Whitfield lorsque celui-ci est commissionné par Universal Pictures pour produire la bande originale d’une comédie musicale disco, Car Wash. Universal souhaiterait faire figurer au générique le nom de groupes connus comme les Temptations ou Undisputed Truth, mais Whitfield insiste pour travailler avec ses protégés. Lorsque la chanson Car Wash se retrouve en haut des charts Soul et Pop au cours de l’hiver 1976-77, ces hésitations initiales sont oubliées d’autant plus vite que I wanna Get Next to You et I’m Going Down deviennent à leur tours des best-sellers, faisant de la BO du film l’un des albums phares de la saison.

Norman Whitfield n’a pas l’intention de laisser refroidir le succès et il enchaîne sur son jeune label dès l’été 1977 avec Rose Royce II / In Full Bloom qui reprend les premiers enregistrements du groupe, mis en attente au moment de la réalisation de Car Wash. Avec deux nouveaux hits, Do Your Dance – Part 1 et Ooh Boy, ce deuxième recueil fait deux fois mieux que le précédent en dépassant le million d’exemplaires vendus, contribuant à faire monter les actions de Rose Royce sur scène, mais aussi en studio où leur producteur fait appel à eux pour accompagner Willie Hutch, Undisputed Truth et le trio disco Stargard (Theme Song from Wich Way Is Up). La formule se répète quasiment à l’identique en 1978 avec Rose Royce III/Strikes Again! et les singles I’m in Love (and I Love the Feeling) et Love Don’t Live Here Anymore (un standard ressuscité en 1996 par Madonna), mais une usure très nette apparaît dès le recueil suivant en 1979, Rose Royce IV/Rainbow Connection. Le départ de Gwen Dickey en 1980 marque la fin d’une époque pour Rose Royce qui n’en a pas moins poursuivi sa route par la suite sur Epic, Streetwave et Omni, en particulier en Angleterre où le groupe est resté très populaire jusqu’à la fin des années 1980.

Biographie tirée de l'ouvrage Encyclopédie du Rhythm & Blues et de la Soul de Sebastian Danchin, éditions Fayard (2002).